Une longue nuit. Oui, voilà ce qu’il avait passé. Une très longue nuit durant laquelle il avait tout simplement été incapable de trouver le sommeil, ou même d’en approcher un tant soit peu. Dehors, il avait plu, aussi surprenant que cela puisse paraître, arrosant pas mal les rues de Henderson en une pareille saison. Comme quoi, quand on dit que la planète n’est absolument pas en train de se dérégler… Peut-être qu’avec elle, Isaac aussi se déréglait, ou un truc dans le genre puisque malgré tous les efforts du monde, il n’avait pas réussi à faire venir le sommeil sur lui. Damn it ! Lui qui aurait bien aimé pouvoir se reposer avec tout ce temps qui était passé à toute allure et qui l’avait, on peut aisément le dire, bien fatigué. Il avait passé pas mal de temps à réfléchir aux derniers événements de sa vie… à cette Jezabel qu’il avait aidée et puis qui était finalement sortie de sa vie – pour le moment du moins – mais qui, pourtant, continuait toujours de trop hanter ses pensées. A croire que malgré ce qu’il avait fait, il restait persuadé qu’elle était toujours en danger et que malgré tous les efforts qu’il pourrait faire, elle le serait encore pendant un bon moment. Peut-être ne pensait-il pas à tord d’ailleurs, à croire qu’il avait une étrange sensation qui se murmurait à ses oreilles sans même qu’il s’en rende compte, faisant tourner ses pensées en bourrique et ce, au point de le priver carrément de sommeil ! Ensuite, il y avait en plus de tout ça, Shaina et son copain dont il ne retenait pas très bien le nom mais qui piquait de sacrés crises de jalousie qui mettait la demoiselle bien sur les nerfs… elle, c’était une toute autre histoire que Jez – du moins, c’est ce qu’il pensait encore – elle faisait carrément partie de ces gens montrés comme « dangereux » par le gouvernement, puisqu’elle était dotée de pouvoirs et pas n’importe lesquels ! Apparemment, elle maîtrisait le feu… et ce n’était pas vraiment le cas quand elle était en colère, puisqu’elle n’a même pas caché à Isaac le fait qu’elle ait déjà fait cramer un bar à cause de ses emportements… Enfin bref, avec elle, il ne savait pas vraiment quoi faire. Après tout, elle n’avait pas bien l’air d’être dangereuse, alors pourquoi avertirait-il les autorités ou quoique ce soit d’autre pour qu’ils viennent la cueillir un beau matin sans même qu’elle n’ait pu le prévoir ? Enfin bref. Peut-être que ça pouvait avoir des connotations « geste pour la sécurité du pays » de la balancer, mais il s’en fichait pas mal, pour le moment, elle n’avait rien fait qui pouvait nuire à d’autres que son ami et elle s’efforçait de maîtriser sa colère pour ne pas risquer de répéter les frasques qu’elle avait déjà pu faire dans son passé… alors autant lui laisser cette chance, non ? Plongé dans ces pensées là, Isaac avait avalé son café sans même s’en rendre compte, un mal de crâne oppressant ne cessant de battre contre sa tête. Punaise. Déjà huit heures et demi et il n’avait toujours pas trouvé le courage de se lever de la chaise dans laquelle il avait pris son petit déjeuner… faut dire, il serait forcément obligé de bouger à un moment ou un autre puisque ce soit, il était censé travailler… Donc bon. Haussant les sourcils tout en ayant un long soupir, il se leva, ramenant sa tasse dans l’évier et déplaçant la séance vaisselle à plus tard dans la journée, il avait mieux à faire et même, il avait bien besoin de prendre l’air, tiens !

Une douche, un nouveau passage par la case café et le voilà tout frais habillé et presque réveillé. Pour profiter de cette journée, ou du moins du début de la journée, rien de mieux que de sortir un peu, n’est-ce pas ? Quoique, il aurait bien aimé aussi pouvoir rester dans son lit et se détendre pendant des heures et des heures. Dommage pour ses envies, ce n’était pas son genre de faire ça… il est parfois bizarre ce Isaac, admettons-le en effet. Enfonçant ses mains dans les poches de son jean, il avait alors pris la direction… d’il ne savait trop où, il aurait bien besoin de faire un peu de courses histoire de remplir ses placards mais la flemme qui l’envahissait à ce sujet depuis une bonne semaine déjà, était toujours là. Tant pis, il continuerait de faire tourner les caisses du chinois du coin encore quelques temps, et puis voilà… qui sait, peut-être qu’à la fin, quand il se rendra compte que ledit chinois coûte finalement plus cher par jour que de manger des trucs tout faits, il ira peut-être faire les courses. Et encore, c’est même pas dit. Plongé dans des pensées carrément transcendantes, n’est-ce pas, et dire qu’il n’en était même pas conscient, sans doute parce que les dites pensées transcendantes n’étaient en réalité que là pour masquer d’autres pensées bien moins… faciles à avoir. Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait même pas s’empêcher de douter sur tout ce qui lui arrivait ces derniers temps ? C’est vrai quoi ?! Qui voit une fille qui se fait agresser et une cracheuse de flammes débarquer dans son existence avec relativement peu d’intervalles, sérieux ?! Il n’y avait que lui pour vivre des trucs pareils et avoir de tels doutes et de telles questions pour lui envahir l’esprit… Ses pas l’avaient finalement mené dans le parc de la ville… très peu encombré aujourd’hui, sans doute parce qu’à l’heure où lui il se promenait en ville, les autres eux, étaient occupés à avoir du travail… des boulots genre moins nocturnes que celui qu’il avait lui. Oui, comme ça, ça sonne comme si Isaac était gogo dancer ou un truc dans le genre. Heureusement pour lui – malheureusement pour la gent féminine – ce n’était pas le cas ! Il aurait sans doute – sans vantardise, juste fanatisme de la joueuse – beaucoup de succès en tant que gogo dancer… parce que mine de rien, les muscles et le corps bien formé, ce n’était pas ce qui lui manquait, à celui là ! Pour peux qu’il doive faire Zoro dans son show, le tour était joué. Oui, Zoro comme Pedro dans Un Dos Tres, la joueuse a de merveilleuses références. Pauvre Isaac, si seulement il pouvait lire ça… Plongé dans des pensées qui n’appartenaient qu’à lui, il finit par relever le regard, réprimant un soupir alors que bizarrement, alors qu’il n’avait jamais pris la peine d’observer vraiment ce parc, aujourd’hui celui-ci lui offrait un semblant de réconfort dans ses troubles. Et puis, comme si le Destin avait forcément besoin de s’amuser un peu, son regard se posa sur une chevelure qui ne lui était pas inconnue… pour ne pas dire qu’elle hantait carrément ses esprits alors que ça faisait déjà de nombreux jours qu’il n’avait pas vu la fameuse propriétaire de ces fameux cheveux. Comme guidé par une intuition – ou tout simplement par la banale envie de se tenir au courant de comment elle pouvait bien aller depuis leur on ne peut plus inhabituelle deuxième rencontre – il se mit en marche dans la direction de ladite jeune femme, arrivant à sa hauteur en lui adressant un sourire légèrement pincé. Etait-il subitement mis mal à l’aise ? Hm, peut-être, c’est ce que ses mains profondément enfoncées dans ses poches semblaient vouloir dire… la honte.

« Hey… »

Quelle introduction, c’est du grand art tiens ! Il eut un haussement des sourcils, légèrement gêné, avant de finir par reprendre un peu de contenance, assez en réalité pour pouvoir reprendre la parole et pas avoir totalement l’air d’un idiot :

« J’peux m’asseoir ? »

Ouais… on pouvait sans doute faire mieux, mais c’était la seule chose qu’il avait pu trouver et oui, car Isaac n’était pas du genre à envahir les gens – la preuve là XD – alors s’il venait l’envie à la jeune femme de l’envoyer paître… eh bah elle en avait là l’occasion, merveilleux non ?

exp0se&lora

Dure journée encore aujourd’hui. À peine levée, Jezabel le savait déjà, comme s’il s’agissait d’une évidence, voir même d’une chose habituelle, un peu comme si en se levant en plein été, elle se disait que la journée aller être chaude, ça coulait de source, surtout dans le Nevada. Pour Jezabel, les journées étaient toutes dures depuis bien des mois, comme si sa vie s’était soudainement transformé en un véritable cauchemar. Elle avait bien l’impression que c’était ça, après tout, elle, elle n’avait jamais rien demandé à personne, c’était arrivé dans sa vie et ça avait détruit tout ce qu’elle avait commencé à construire, très vite, les choses s’étaient aggravée et elle avait été obligée de fuir sa ville natale, d’abandonner ses études pour aller vivre dans une pension du Nevada ! Elle possédait cette chose, ce que l’ont pourrait qualifier de son, bien qu’elle n’en voyait absolument pas le bénéfice, et du coup, elle était un genre d’ennemis gouvernementale, une personne dangereuse alors qu’elle savait pertinemment, que la seule personne pour qui elle était devenue un danger, c’était elle-même. Elle était prise au piège par cette chose qui la rongeait de l’intérieur, qui coulait dans ses veines comme un poison mortel et affreusement douloureux, elle était coincée entre les quatre murs de sa chambre, condamnée à rester cloitrée comme une agoraphobe parce qu’elle ne pouvait plus supporter la présence d’autrui autour d’elle. Elle était pourtant extravertie, elle aimait passé du temps avec les gens, sortir entre amis, rencontrer du monde, mais tout ça, c’était devenu insupportable, c’était devenu un fardeau qu’elle devait porter à chaque fois qu’elle croisait du monde, ses instants qu’elle aimerait éviter durant lesquels elle pouvait ressentir la même chose que les gens prés d’elle, leurs sentiments, leurs émotions, leurs douleurs, absolument tout. S’ils étaient triste elle ressentirait une tristesse, s’ils étaient heureux, elle ressentirait leur bonheur, s’ils souffrait elle ressentirait leur souffrance, un véritable calvaire que de devoir supporter les ressentiments des autres alors même qu’elle avait déjà du mal avec les siens, elle en enviait son frère ainé qui se pouvait faire virevolter les objets au grés de ses envies avec la seule force de sa pensée, ça c’était un don peu encombrant voir même utile contrairement à ce fardeau qu’elle trainait avec elle comme elle aurait trainé un boulet attaché à sa cheville tel une prisonnière. Il était encore tôt et elle était là, éveillée dans son lit, emmitouflée dans sa couette et rongée par cette envie de rester là toute la journée, isolée du reste du monde, paisiblement au chaud dans ce lieu si confortable qu’était son lit. Elle aurait pu se laisser lambiner toute la journée, mais dans un sens, aussi bien soit-elle dans son lit, elle en avait tellement marre de restée enfermée toute la journée, et après un bref coup d’œil à son réveil, elle se dit, qu’elle pouvait se permettre de sortir, étant donné qu’il était encore particulièrement tôt, et que la ville ne serait pas encore envahie de passants. C’est d’un geste plutôt décidé que la jolie blonde repoussa la lourde couette qui la protégeait du monde extérieur, avant de se lever et de se diriger vers la fenêtre, pour en ouvrir les volets et ainsi éclairer la pièce lui servant de chambre, il était encore tôt et pourtant, il faisait jour, Jezabel s’étira avant de filer prendre une douche matinale, la sortant définitivement du sommeil duquel elle avait était sorties quelques longues minutes auparavant. Elle s’attarda un peu sous la douche, savourant le bien être que pouvait procurer une chose si banale qu’une simple douche et une fois prête à mettre un terme à ce petit moment si agréable, elle s’habilla rapidement, ne prêtant quasiment pas attention aux vêtements qu’elle enfila, elle ne fit pas non plus franchement très attention aux chaussures qu’elle mit avec, c’était genre la première paire de chaussures qui se pointaient devant son nez, la paire la plus utilisée et celle qui passe avec tout. Elle ne pris même pas le temps d’ajouter autre chose à sa toilette, ni même de se sécher les cheveux avant d’attraper son sac et de partir explorer le monde extérieur.

La jeune femme traversa plusieurs rues de la ville d’Henderson, croisant quelques personnes sur son chemin, bien que la plupart des gens soient en voiture direction leur boulot, il y avait quelques passants, qu’elle croisait de temps à autres, s’imprégnant de ce qu’ils ressentaient avec une légère grimace comme elle le faisait depuis bien des mois, grimace qu’elle avait appris à dissimuler avec le temps. Ses pas l’avaient guidée vers le parc de la ville, un endroit agréable, et pour le moment quasiment vide, il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour aller s’installer sur un banc, après avoir estimé lequel était le plus loin de celui om se tenait un couple d’amoureux, mais aussi de celui où se trouvait une vieille dame ayant fait une pause dans la promenade matinale qu’elle faisait en compagnie de son caniche. Jezabel laissa échappé un petit soupire quand elle fut installée, un léger sourire étira ses lèvres alors qu’elle ouvrait son sac pour en tirer de quoi dessiner. Le dessin faisait partie des passions de la belle Jezabel, une passion qu’elle pouvait faire seule et isolée du monde ce qui était un avantage vu qu’elle n’aimait plus être entourée de plein de monde, l’une des passions que son envie d’isolement n’avait pas réussi à lui prendre, contrairement au shopping, aux sorties entre amis, à la danse, oui parce que Jezabel à très longtemps fait de la danse classique. Bref, le dessin c’était un peu la seule chose qu’elle pouvait encore faire pour se distraire et ce même quand elle restait enfermée, mais voir du paysage, ça avait l’avantage de pouvoir l’inspirée et faire plus aisément glissé son crayon sur sa feuille, tout en dessinant presque machinalement, elle avait plein de pensées lui traversant la tête, pensées qu’elle avait conscience d’avoir, parce que l’Homme sait quand il pense et il pense qu’il pense et c’est juste formidable de passer deux heures dans une salle de classe pour qu’on nous dise qu’on sait qu’on pense, genre on s’était aperçus avant d’aller en cours de philosophie qu’on était capable de penser et qu’on le savait, parce que dans un sens, si ça n’avait pas été le cas, je serais pas là en train d’écrire, parce que tout ce que j’écris, je le pense au moment où mes doigts atteigne les touches servant à taper le mot auquel je pense alors bon, bref, la philo c’est de la merde et c’est de loin le cours le plus fatiguant qui puisse exister, même le sport, ça crève moins, cela dit, notre petite Jezabel, était bel et bien perdue dans ses pensées, sautant avec aisance du coq à l’âne comme on a tendance à le faire quand on pense sans vraiment avoir quelque chose de précis en tête, parce qu’on pense toujours, on eut pas s’empêcher de penser, on est condamné à penser, ce que la joueuse savait aussi avant d’aller comater en philo, bref, partant d’une pensée sur les oiseaux chantant en chœur, à la fontaine qui se dressait en face d’elle puis a celle d’un parc de Houston qu’elle appréciait, en passant par ses parents, elle se surpris presque en se disant qu’elle aimerait savoir comment ils vont depuis le temps qu’elle ne les a pas vu, depuis le temps qu’elle est partie, avec son frère, sans rien dire à personne, elle regrettait de ne pas leur avoir dit au revoir, malgré tout ce qu’elle avait à leur reprocher, elle ressentait un pincement au cœur en pensant à eux, pincement qui la fit cesser de faire courir son crayon le long de sa feuille. Sa main se figea stoppant le trait qu’elle était en train de faire et son regard lâcha la feuille pour aller se poser sur la fontaine, perdu dans le vague, comme si elle voyait encore plus loin que la fontaine elle-même. Une expression mélancolique, presque triste se dessina sur son visage avant qu’elle ne fut ramenée à la réalité par une soudaine douleur à la tête et un mal-être qu’elle ne comprenait pas, une légère fatigue aussi, alors qu’elle était bel et bien réveillée, quelques minutes, quelques secondes même avant. Elle n’avait pas besoin de se poser des questions bien longtemps avant de deviner que tout ne venait pas d’elle c’est pourquoi, après avoir porté sa main sur font comme un reflexe répondant à la douleur, la jeune femme leva les yeux vers la personne venant de s’adresser à elle, cette voix lui semblant si familière et qu’elle avait pas entendu si souvent que ça qui étira ses lèvres dans un sourire alors qu’elle reportait sa main vers sa feuille.

« Salut, bien sûr que vous pouvez. »

La jeune fille continuait de sourire à l’homme en face d’elle, cet homme dont elle ne savait pas grand-chose mais qui l’avait sauvée et protégée, cet homme qui depuis qu’elle était arrivée dans le Nevada était la seule présence qui ne la dérangeait pas et qui au contraire lui semblait être agréable, c’était étrange, mais c’était sans doute parce qu’il l’avait sauvée qu’elle se sentait en sécurité à ses côtés. Elle se remis à fixer la feuille sur laquelle elle avait commencé à décidé, trop gênée par la situation actuelle, depuis qu’en plus de celle d’Isaac, sa propre gêne était apparue en elle. Jezabel se mit alors à faire tourner son crayon entre ses doigts comme s’il s’agissait d’une solution pour lutter contre le stress ou juste une façon de se focaliser dur quelque chose d’autre que ce qu’elle ressentait. Mine de rien, le jolie blonde lança un léger regard à coin à l’homme qui venait de la rejoindre avant de se décider à tenter de façon un peu banale, la conversation.

« Vous allez bien … Depuis, l’autre fois ? »

Jezabel s’efforçait de fixer son interlocuteur, pour une question de politesse, même si elle aurait presque préféré recommencer son dessin, voir même prendre ses jambes à son cou et s’enfuir histoire de se débarrasser de cette gêne encombrante, c’est d’ailleurs ce qu’elle aurait fait s’il s’était agit d’une autre personne qu’Isaac, mais avec lui c’était différent, malgré la gêne qu’elle ressentait, elle avait vraiment envie de rester pour discuter un peu avec lui et elle était vraiment contente de le revoir …